“Déflagrations”, enfants au dessin contrarié

Publié dans Libération par Clémentine Mercier
31.07.2021

[...] Investie par la mission «de donner une place» à ces regards d’enfants, la commissaire de l’exposition Déflagrations, au Mucem, à Marseille, a réuni des centaines de dessins. «Je me refuse à les voir comme de simples images touchantes», explique-t-elle. En 2013, bouleversée par la guerre en Syrie, et par les photographies d’une grande violence qui parvenaient en France – en particulier les clichés du dossier César qui révèlent la torture et les exterminations dans les hôpitaux militaires de Damas –, Zérane S. Girardeau, impliquée dans des projets autour des droits humains, s’est patiemment mise à collecter des centaines d’esquisses réalisées par des petits humains plongés au cœur des conflits récents. [...] L’écriture visuelle d’un enfant nous permet de rentrer dans l’image sans détourner le regard. Elle permet aussi d’éviter la fascination qu’exerce la violence d’une photographie.» [Les dessins d’enfants], souvent négligés, peu considérés, a fortiori dans des zones de conflits, [...], Zérane S. Girardeau a été les chercher dans des musées, dans des livres, dans les ONG, chez les artistes qui ont monté des ateliers. L’accrochage de Déflagrations – qui est aussi une association pour la conservation de ces traces – traverse le XXe siècle. Certains dessins remontent à la Seconde Guerre mondiale, comme celui du petit Max Teitelbaum, enfant de la colonie d’Izieu, déporté à Auschwitz. Pour l’anniversaire de son frère, il dessine une cigogne qui renverse un loup. Le petit Max joint cette phrase bouleversante à son cadeau : «Je te fais ce dessin pour te rappeler de ton frère garde le toujours accroche le au-dessus de ton lit.»

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Image : Détail. Dessin de Chea, garçon cambodgien de 12 ans, camp de réfugiés en Thaïlande, 1980. Source : Publication de l’A.E.R avec NFUA Japon.