Les dessins d’enfant, un statut à part

Publié dans Le quotidien de l’art par Magali Lesauvage
22.07.2021

[...] Lorsque de rares collections sont constituées, c’est le plus souvent parce que « l’adulte qui s’intéresse au dessin lui donne un statut, parfois celui de document à protéger », explique Zérane Girardeau, commissaire de « Déflagrations. Dessins d’enfants et violences de masse » au Mucem, à Marseille. Bouleversante, l’exposition montre comment les images produites par les enfants en temps de guerre, dans des camps de réfugiés ou à la suite d’attentats ou de génocides peuvent rendre ces événements « visibles autrement ». Parfois d’une précision terrible (corps fragmentés, viols, bombardements…), « ces images ne sont pas toujours immédiatement lisibles, explique Zérane Girardeau. Le réel y est recomposé, parfois exagéré, certains motifs surreprésentés ». Quel est ici le statut de leurs auteurs, dont on ne connaît souvent que le prénom, et dont il est important de protéger l’identité ? S’entourant d’anthropologues (notamment Françoise Héritier), juristes, reporters de guerre ou membres d’ONG, Zérane Girardeau mène depuis 2013 un travail de fourmi, recueillant des dessins auprès d’organisations humanitaires, d’artistes engagés sur des terrains de guerre, d’archives ou de services de pédopsychiatrie.

[…]« Ce sont des objets non-identifiés », pointe le directeur du Mucem, qui se réjouit qu'on s'intéresse au sujet. [...] Conserver [ces dessins] et les regarder enrichissent sans équivalent notre compréhension du monde.

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Image : Dessin d’un enfant sinti survivant des camps et de la politique de persécution et d’extermination des Sinti et Rom en Allemagne, Düsseldorf-Lierenfeld, 1948. Détail. © Otto Pankok Foundation