Projet

DÉFLAGRATIONS… POURQUOI ?

Dans les guerres et crimes de masse, des enfants sont blessés, mutilés, torturés, violés, tués, obligés de fuir, soumis aux privations, témoins des violences subies par leurs proches ou de la mort de ceux-ci, enlevés, enrôlés de force ou depuis toujours condamnés à vivre dans une société guerrière. Leurs expériences des violences de masse sont totales.

Donner une place aux expressions personnelles de ces enfants est la mission du projet Déflagrations qui travaille à identifier, protéger et mettre en lumière leurs récits dessinés.
Face aux discours qui attisent les nationalismes, nourrissent les passions funestes et dressent des murs physiques ou symboliques, les « traces » laissées par les enfants sur un siècle de guerres et crimes de masse sont autant d’avertissements.
Grands témoins de l’inhumanité, ces jeunes dessinateurs nous éclairent.

LE MOT… « DÉFLAGRATIONS »

Titre du projet, des recherches, expositions et publications associées, ce mot dit l’implosion et l’explosion d’un monde dans le chaos et la dévastation, dans la peur, l’effroi, l’atteinte ou la menace d’atteinte à l’intégrité physique et/ou psychique. Les violences de masse font basculer dans un monde où l’interdit de tuer est levé et où les règles qui régissent l’humain sont saccagées.

LES OBJECTIFS

  • Rendre hommage à l’acte de dessiner de ces enfants – un acte de narration intime, de lien, de création, de soin, de jeu -, un geste de vie au milieu des dévastations, quand toutes les valeurs et les représentations du monde ont volé en éclats.
  • Identifier et protéger les créations graphiques des enfants, refusant qu’elles passent à la trappe de l’Histoire et de la création imagée.
  • Partager et étudier ces récits graphiques, afin qu’ils prennent part au défi d’humanité, à la documentation sur les violations des droits humains, au plaidoyer pour le respect des droits des enfants dans le monde, à la construction et à la transmission d’une mémoire plurielle des sociétés.

LA MISE EN OEUVRE

Un projet de recherche, de création et de sensibilisation sur plus d’un siècle de dessins d’enfants dans les guerres et crimes de masse.

Le travail de recherche et de sélection des expressions graphiques vient nourrir un corpus de dessins d’enfants, le corpus « Déflagrations ». Celui-ci inspire la création d’expositions évolutives et actualisées, aussi bien dans leur contenu que dans leur forme. Le souhait est de penser chaque mise en œuvre dans un partage étroit avec les lieux et institutions associées, de façon à ce que les créations se déploient au plus près des publics, et avec ces derniers, via des ateliers, tables rondes, visites de classes, interventions d’ONG et institutions internationales, d’artistes, correspondants de guerre…

Chaque création Déflagrations est une traversée des violences de masse à hauteur d’enfant grâce au langage à la fois universel et infiniment personnel qu’est l’expression graphique. Les dessins des enfants depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui forment un corpus exposé de 150 à 200 sources issues de différents contextes historiques et culturels.

Déflagrations est toujours et en premier lieu un hommage à l’acte de dessiner de ces enfants. S’ils nous disent l’incroyable persistance de la vie, ces dessins sont aussi pleins de clameurs dans les bruits et dévastations des violences de masse. Ils nous guident au sein d’une communauté des vivants avec ses mêmes vulnérabilité et finitude et nous rappellent l’impossible renoncement devant autant d’humanités blessées. À nous de les recevoir, de les entendre, pour en faire peut-être des lueurs qui nous éclairent.

Observant le geste de l’enfant qui le plus souvent donne son dessin et appelle ainsi une conversation personnelle, des artistes, des chercheurs, des écrivains et correspondants de guerre, accompagnent un dessin d’enfant en lui offrant une réponse. Ces contributions sont autant de mises en lumière, d’échos et de reconnaissance donnés à des « traces » par-delà les temps et les territoires.

En fonction des mises en œuvre et des espaces d’exposition, sont présentées les contributions de Sonia Wieder-Atherton, Françoise Héritier, Enki Bilal, Rémy Ourdan, Linda Lê, Olivier Bercault, Stéphane Audoin-Rouzeau, Laura Alcoba, Ernest Pignon Ernest, Marie Rose Moro, Erri de Luca, Mona Luison, Monique Chemillier-Gendreau, Vladimir Velickovic, Patrick Chauvel, Antonio Segui, Stéphane Blanquet, Boubacar Boris Diop, Léonard Vincent, Jérôme Zonder, Miguel Angel Estrella, Himat, Mohamad Omran, Leïla Sebbar, Salah Stétié, Brian McCarty.

QUI ?

Zérane S.Girardeau est la fondatrice du projet Déflagrations – écriture du projet, études & recherches, coordination, commissariat des expositions. Devant les témoignages sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Syrie, l’implication et l’investissement dans un tel projet se sont imposés à elle. Conceptrice de projets artistiques associatifs et commissaire d’exposition, elle a pensé et porté Déflagrations en s’engageant dès 2013 aussi bien dans les recherches, sélections et rapprochements documentaires que dans la sensibilisation de nombreuses organisations et d’acteurs de disciplines différentes. Sa première et grande complice fut Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue, qui a marrainé très étroitement ce projet dès ses débuts. Autre guide et soutien, son ami Pierre Hassner, philosophe des relations internationales, l’a accompagnée tout le long de ses premières années de recherches et réflexions. L’artiste Enki Bilal a offert son compagnonnage au projet qui s’engageait devenant l’artiste-parrain de Déflagrations. Spécialiste des conflits armés, Olivier Bercault a guidé Zérane sur les questions de justice pénale internationale et s’est impliqué à ses côtés dans le développement du projet. Le réalisateur Guy Baudon qui avait longuement travaillé avec Alfred Brauner et ses dessins, a soutenu Zérane quand elle a engagé ses premiers travaux de recherche et l’accompagne dans les réalisations audiovisuelles.

Déflagrations a été porté jusqu’en 2020 par l’association Zérane Confluence Artistique, dont Zérane S.Girardeau est la fondatrice.  Jean-Pierre Worms, sociologue, homme politique, militant associatif, en fut le président jusqu’en juillet 2019 (décès). Jean-Pierre Worms, Françoise Héritier et Pierre Hassner, tous trois enfants témoins de la Seconde Guerre mondiale, furent de grandes présences amies et guides aux côtés de Déflagrations. L’association Déflagrations poursuit désormais le projet.